

MotoGP: Johann Zarco, l'inusable maestro
Rare pilote à avoir dominé l'ogre Marc Marquez cette saison en MotoGP, Johann Zarco cultive à 35 ans une envie de progrès qui l'a rendu indispensable chez Honda, où il attend toujours d'être intronisé "numéro 1"... avant de troquer le casque pour le médiator ?
Pour ses vacances, il a préféré rester dans la compétition quand la plupart de ses compagnons de grille ont opté pour quelques jours de farniente: vainqueur avec Honda début août pour la deuxième fois de suite des 8 Heures de Suzuka (Japon) en championnat du monde d'endurance, le Français vit "à 100% pour la moto".
"Franchement, j'ai plaisir à rouler dans ce championnat" reconnaît-il dans un entretien à l'AFP en marge du Grand Prix d'Autriche, qui marque la reprise du MotoGP après la pause estivale.
De quoi envisager quitter le MotoGP, où il court depuis 2017 ? "Non", rétorque-t-il sans hésiter.
Et pour cause: dans la catégorie reine de la vitesse moto, le vétéran de la grille continue de "kiffer" avec le constructeur japonais, qu'il a rejoint l'an dernier après avoir quitté le puissant giron Ducati. "J'ai encore envie de progresser physiquement, pour gagner davantage en contrôle sur la moto, et du coup profiter de meilleurs résultats".
- Fer de lance -
Le Cannois ne compte, certes, que deux succès en MotoGP pour une vingtaine de podiums et aucun titre dans l'élite - il est double champion du monde Moto2 en 2015 et 2016 - mais sa dernière victoire en mai lors du GP de France est sans aucun doute déjà la plus belle de sa carrière.
Premier Français à triompher à domicile depuis 71 ans dans la catégorie reine, Zarco a battu sous la pluie - un terrain sur lequel il excelle -, le phénoménal Marc Marquez, revenu cette année au sommet de son art: "c'est une belle fierté ça", dit-il encore avec un large sourire.
"Je l'ai même battu deux fois, rappelle-il, puisqu'à Silverstone (théâtre du GP de Grande-Bretagne disputé deux semaines plus tard, NDLR) je termine deuxième du GP". Devant Marquez, troisième.
Ces deux podiums de rang, dit-il, lui ont procuré "une sensation d'irréel". "J'étais exactement là où je veux être".
Avec sa monture japonaise loin des performances de ses rivales européennes à l'instar de Ducati, le Français occupe pour l'heure la huitième place du championnat pilotes, s'imposant comme l'atout majeur de Honda, dont les autres pilotes figurent au-delà du Top 10.
Et même si la machine Zarco s'est enraillée lors des derniers rendez-vous (il n'a marqué que 12 points en cinq manches), reste à savoir s'il sera promu l'an prochain "pilote d'usine", lui qui court actuellement sous les couleurs de LCR, l'écurie satellite de Honda.
Pour l'heure, rien n'a encore été décidé, mais "le statut de pilote numéro un, j'ai bien envie de l'avoir", défend le trentenaire, devenu le fer de lance du constructeur asiatique depuis qu'il l'a rejoint.
- Son rêve ? Une tournée avec son frère -
Promu ou non, Zarco l'assure: "le but" est d'être encore là au moins "jusqu'en 2027". A cette date, le MotoGP inaugurera un nouveau règlement technique qui pourrait bouleverser la hiérarchie.
Inusable, "JZ" rêve de pouvoir "jouer le podium sur plein de courses" et confie que les deux seules choses qui pourraient le faire arrêter seraient "le manque d'envie" et le "lourd" calendrier record de 22 courses cette année.
Il poursuit, volubile comme à son habitude: "j'ai presque envie d'arrêter en faisant encore de bons résultats, plutôt que d'être forcé d'arrêter parce que je ne fais plus rien".
Pour faire quoi ensuite ? "Je veux prendre du temps pour faire ces courses d'endurance afin de continuer à avoir ce plaisir de gagner et mettre à mon palmarès d'autres victoires importantes. Gagner des 24 Heures (du Mans motos, NDLR), c'est beau dans une carrière...".
Également musicien à ses heures - il pratique le piano et la guitare qu'il a appris seul - le pilote se plaît à jouer avec son frère Jérôme, pour qui il aimerait "apprendre la basse et pouvoir interpréter tous les morceaux de Paul McCartney avec les Wings" dans le groupe de musique de son aîné.
"Je me donne dix ans pour y arriver, ensuite on organise des tournées, juste pour +kiffer+. Ça, ça serait un rêve".
D.Medina--GBA