Mobilisation agricole: suspense autour d'une possible trêve pour Noël
Les appels à une "trêve de Noël" se multiplient après l'annonce du report de l'accord UE-Mercosur et les syndicats agricoles reçus vendredi à Matignon ont semblé fléchir mais les actions de blocages se poursuivent dans le Sud-Ouest contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine.
La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole habitué des actions coup de poing et fer de lance de la contestation avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest, a appelé à sa sortie de Matignon à la "bienveillance" pendant les fêtes sans pour autant demander la levée des barrages, laissant la main aux sections départementales.
"La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos", a rappelé Bertran Venteau, président de la CR, qui demande toutefois aux agriculteurs mobilisés "d'aller se reposer" au moins quelques jours.
Mais il a dénoncé avec virulence l'attitude des conseillers qui freinent selon lui les ouvertures de Sébastien Lecornu sur ce sujet.
L'abattage total des foyers fait débat et une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été mise en place à la demande du gouvernement.
Le gouvernement "ne tolérera plus de nouveaux blocages" pendant les fêtes de Noël avait affirmé plus tôt en matinée la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, une volonté confirmée à l'AFP par l'entourage du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez.
- "Courrier" de Matignon -
Le président de la puissante FNSEA Arnaud Rousseau a lui aussi appelé à sa sortie de Matignon vendredi à une "trêve", conditionnée à un "courrier" promis "d'ici ce soir" avec "l'ensemble des intentions" du Premier ministre.
Un nouveau rendez-vous est prévu autour du 8 janvier pour un travail sur "la vision" du Premier ministre sur l'agriculture, et pour obtenir des "réponses d'ici le Salon de l'agriculture" sur la "crise viticole", la "production" (donc l'accès aux pesticides et à l'eau), mais aussi les engrais dont le coût pourrait gonfler avec la taxe carbone européenne, a détaillé M. Rousseau.
A leur sortie de Matignon, leurs alliés des Jeunes agriculteurs ont rejoint l'appel à la trêve. "A la rentrée on va se revoir (...) parce que le compte n'y est pas", a toutefois averti leur président Pierrick Horel.
L'enjeu sera de voir si cet appel tient sur le terrain puisque la puissante alliance FNSEA-JA, qui a perdu du terrain aux dernières élections syndicales dans le Sud-Ouest, n'est pas à la barre des principaux blocages dans la région.
Coordination rurale (CR) et Confédération paysanne ont amplifié leurs blocages ces derniers jours, rejoints localement par des Jeunes agriculteurs (JA) et parfois des adhérents de la FNSEA.
- Et sur le terrain? -
"Puisqu'on nous demande de faire la trêve pour les manifestations (...), on attend une trêve de l'abattage complet des troupeaux", a déclaré sur Ici Occitanie Lionel Candelon, président de la chambre d'agriculture du Gers issu de la CR, depuis un blocage de l'A64 près de Carbonne.
Des dizaines de mannequins en combinaison et bottes ont été pendus aux arbres pour symboliser le suicide des agriculteurs devant la préfecture, où 300 personnes se sont rassemblées à leur appel.
Les principaux blocages du Sud-Ouest étaient encore en cours vendredi à la mi-journée.
Mais des rassemblements ont aussi lieu plus au nord, comme au Touquet devant la villa d'Emmanuel Macron, pour rappeler que la dermatose n'est pas la seule crise à laquelle les agriculteurs font face.
"Nous manifestons contre l'accord Mercosur, la baisse de la politique agricole commune européenne, la taxe sur les engrais, la concurrence déloyale", explique Benoît Hédin, vice-président de la FDSEA de Montreuil-sur-Mer au lendemain d'une manifestations de quelque 10.000 agriculteurs européens à Bruxelles contre l'accord entre l'UE et des pays du Mercosur.
La Commission semblait déterminée à arracher d'ici vendredi un feu vert des Vingt-Sept mais le soutien de l'Italie à la France, opposée à la signature, a finalement conduit jeudi soir la présidente de la commission Ursula von der Leyen à le reporter à janvier. Nouveau rendez-vous pour la mobilisation des agriculteurs français.
O.Soria--GBA