

Israël annonce élargir son offensive à Gaza pour vaincre le Hamas, l'ONU s'alarme
L'armée israélienne a annoncé samedi élargir son offensive pour vaincre le Hamas dans la bande de Gaza, où ses bombardements ont tué dix personnes dans la matinée selon les secours, après plusieurs jours de pilonnage meurtrier du territoire dévasté et affamé.
De Bagdad, où il participe à un sommet de la Ligue arabe, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "alarmé par les informations sur les plans d'Israël d'étendre ses opérations terrestres", demandant de nouveau un "cessez-le-feu permanent" et la fin du blocage israélien de l'aide humanitaire, en vigueur depuis le 2 mars.
Peu après la fin de la tournée dans le Golfe du président américain Donald Trump, qui s'est ému de la faim dans le territoire palestinien, l'armée israélienne a indiqué avoir "lancé des frappes d'envergure et transféré des forces pour prendre le contrôle de zones de la bande de Gaza".
"Cela s'inscrit dans le cadre des étapes initiales (...) de l'expansion de l'offensive dans la bande de Gaza, dans le but d'atteindre tous les objectifs de la guerre, y compris la libération des otages et la défaite du Hamas", a-t-elle précisé.
- Situation "catastrophique" -
Le plan, annoncé début mai par le gouvernement, prévoit de pérenniser la présence militaire israélienne à Gaza - dont Israël s'était retiré en 2005 - au prix du déplacement de "la plupart" de ses 2,4 millions d'habitants vers l'extrême sud du territoire.
La Défense civile de Gaza a fait état de dix personnes tuées dans la matinée par des raids israéliens à Jabalia (nord) et Khan Younès (sud), après avoir recensé au moins 280 morts entre mercredi et vendredi.
A l'hôpital Nasser de Khan Younès, Rim Abou Hachem pleure la perte d'une "famille entière": sa soeur, son beau-frère et leur fillette, "tués tous ensemble" dans leur appartement.
Le directeur de l'hôpital indonésien de Beit Lahia, près de Jabalia, Marwan Sultan, décrit lui à l'AFP une situation "tragique et catastrophique", après un bombardement samedi matin à proximité. L'établissement est submergé de patients et blessés et manque cruellement "d'unités de sang, de médicaments, de fournitures médicales et chirurgicales" au point de ne "plus pouvoir accueillir de cas critiques".
La veille, des images de l'AFP ont montré dans cet établissement des blessés soignés à même le sol au milieu des cris et des pleurs.
De Bagdad, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé son homologue américain à "faire pression" pour un cessez-le-feu et "le lancement d'un processus politique" avec M. Trump comme "médiateur et parrain".
"Nous nous intéressons à Gaza. Et nous allons faire en sorte que cela soit réglé. Beaucoup de gens sont affamés", avait affirmé la veille le président américain, appelé dans la foulée par le Hamas à agir pour qu'Israël laisse entrer l'aide humanitaire.
- "Arrêter le massacre" -
Il faut "intensifier notre pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza" a de son côté déclaré au sommet arabe le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, pour qui le "nombre inacceptable" de victimes gazaouies viole le "principe d'humanité".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
Les représailles israéliennes ont tué au moins 53.272 Gazaouis, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Au vu des opérations israéliennes, "il semble y avoir une poussée pour un changement démographique permanent à Gaza" qui "équivaut à un nettoyage ethnique", avait mis en garde vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk.
Une ONG soutenue par les Etats-Unis et Israël, la Fondation humanitaire de Gaza, a annoncé se préparer à distribuer de l'aide humanitaire à Gaza à la fin du mois. Mais les Nations unies ont exclu toute participation à cette initiative, invoquant des problèmes de "neutralité".
O.P.Olivares--GBA