

La suspension de la réforme des retraites au menu d'un Conseil des ministres spécial jeudi
Emmanuel Macron préside jeudi un Conseil des ministres en visioconférence depuis Bruxelles pour inscrire la suspension de la réforme des retraites dans le projet de la loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 via une "lettre rectificative".
Il s'agit du deuxième conseil des ministres en deux jours, outre le rendez-vous gouvernemental traditionnel du mercredi autour du chef de l'Etat.
Emmanuel Macron le présidera exceptionnellement depuis Bruxelles où il assistera dans la foulée à un sommet européen consacré au renforcement du soutien à l'Ukraine.
Les ministres dont le premier d'entre eux, Sébastien Lecornu, seront pour leur part réunis à l'Elysée, comme à l'accoutumée. Contrairement au rendez-vous hebdomadaire du mercredi, les journalistes n'assisteront en revanche pas à la sortie du Conseil, et au traditionnel compte-rendu de la porte-parole du gouvernement.
Sébastien Lecornu a annoncé mardi qu'une "lettre rectificative" au projet de budget de la Sécu serait présentée en Conseil des ministres, afin d'inclure la suspension de la réforme des retraites, au lieu de la proposer au vote lors des débats via un amendement.
Une garantie qui était réclamée par le RN mais en premier chef par la gauche, à commencer par les socialistes qui ont conditionné un accord de non-censure du nouveau gouvernement à une suspension de la réforme.
Dans un climat déjà empreint de suspicion, le chef de l'Etat a semé le trouble mardi en déclarant depuis la Slovénie que la réforme n'était ni "abrogée", ni "suspendue", au risque de fragiliser son Premier ministre.
L'entourage du président a toutefois démenti depuis tout contentieux entre les deux têtes de l'exécutif, expliquant qu'il avait seulement signifié que la réforme ne pouvait être suspendue "ad vitam" au regard des besoins de financement du système.
La suspension de la réforme coûtera 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027, selon la lettre rectificative dévoilée mercredi par les Echos et dont l'AFP a obtenu copie.
En conséquence, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution pour financer la suspension, précise-t-elle encore.
La sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027, ce qui pèsera sur le pouvoir d'achat des retraités.
Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé...) passera de son côté de 2,05% à 2,25% en 2026.
Le gouvernement a déjà indiqué que les pensions de retraite et prestations sociales seraient gelées en 2026 pour freiner la dérive des dépenses publiques.
Après l'adoption en Conseil des ministres de cette lettre, le projet de budget de la Sécurité sociale débutera son chemin au Parlement lundi, en commission des Affaires sociales de l'Assemblée. Il devrait ensuite être voté dans l'hémicycle le 12 novembre à minuit au plus tard, avant sa transmission au Sénat.
X.Cabrera--GBA